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Photo du rédacteurJaufré Lafage

La petite maison dans la prairie.

Petit préambule : je vais essayer, dans la mesure du possible, de rester objectif sur tout ce qui va être présenté ici. L’objectif sur l’année, c’est de produire un papier du même tonneau à certains points importants de la saison : 10 matchs, 25 matchs, trade deadline, 50 matchs, fin de saison, bilan. Mais aussi, et pour ne pas marcher sur les plates-bandes du reste de l’équipe de rédaction qui se donne un mal de fou à produire du contenu carrément quali’, on va essayer de mettre un poil d’émotion dans ces papiers.


Préambule n°2 : j’ai quelques Soju dans le nez. Heureusement, quelqu’un va me relire.

On m’avait pourtant assuré que cette année allait être marrante ? Que les jeunes allaient s’éclater comme des petits fous ? Que jamais ô grand jamais nous n’aurions de raisons de nous plaindre ? Que l’environnement Wizards était enfin sain, pour la première fois depuis… Elvin Hayes?  L’on m’aurait menti ? Pourtant, rétrospectivement sur ces dix premiers matchs, je ne suis pas loin d’être d’accord. Alors, je vous propose quelque chose, et vu que vous avez déjà lu jusque-là, ça va être dur de vous arrêter : on va compter jusqu’à dix ensemble. Le but ? Trouver dix bonnes raisons pour lesquelles les Wizards nous font vibrer cette année.

 

10, comme le nombres de matchs joués.

Deux victoires, huit défaites. Un tank parfaitement rodé, peut-être un peu trop performant parce que nombre d’entre nous (oui oui, vous tous dans le chat de groupe WizFR) avaient pronostiqué qu’on finirait novembre sans victoires. Alors que disent les chiffres ? Et bien l’an dernier au 14 novembre on faisait… deux victoires, huit défaites. Un tank parfaitement rodé, pile là où on l’attendait, avec les bons joueurs qui « statent » pile comme on l’attend d’eux.

Elle est pas belle la vie ? Elle est carrément magnifique. Au moment où, l’an dernier au même moment, Kyle Kuzma venait de coller 34 points (inutiles) sur les Raptors, Jordan Poole vient de mettre 42 points (tout aussi inutiles) sur la tête des Spurs.

Et pourtant, pourtant, je suis presque sûr d’être bien plus heureux maintenant que je ne l’étais il y a un an, et mon ex n’y est pour rien. La vraie raison, elle est chauve, fils d’une légende, et elle n’est plus assise sur le banc de ma franchise. Depuis que Wes Unseld JR n’est plus coach des Wizards, encore plus depuis la draft de cet été, certes nous perdons, certes nous tankons, mais j’ai toujours une espère de sourire en coin un peu narquois pendant les matchs. Parce que je vois des trucs que j’ai jamais vu avant sous ce maillot, et que ça me rend heureux.

Vous êtes pas heureux quand vous voyez Bub Carrington jouer au basket vous ? Top 3 de la course au rookie de l’année, un jeu déjà bien solide pour un gamin de 19 ans, plusieurs matchs a frôler (DEJA) le triple-double, et en plus il sait jouer en défense. Une sorte de cosplay de Jean Mur, au final.

Vous êtes pas heureux quand vous voyez Kyshawn George artiller tant et plus à trois points ? Ce grand malade, contre Golden State, la terre du tir derrière la ligne: il arrive et il en prend dix-sept ? Sur dix-neuf tirs ? Comment voulez-vous ne pas sourire à cet instant précis ?

Donc dix matchs joués, et mine de rien, déjà beaucoup de plaisir de pris. La jeunesse de Washington arrive petit à petit, et une fois passée la deadline, le plaisir sera permanent grâce à eux.


9, comme le nombre de matchs où Bilal a été le meilleur joueur.

On a dit et répété, à quiconque voulait bien l’entendre, que notre nouveau management était vraiment le meilleur front office de toute la NBA. Et c’est vrai.

Dans cet effectif, y a beaucoup d’espoirs, beaucoup de jeunesse, mais surtout il y a LE premier choix de ce nouveau management. Pour son année de sophomore, Bilal Coulibaly (accessoirement n’a lui aussi QUE vingt ans) est en train de passer un cap. Sérieux balle en main, plus agressif dans la peinture, et toujours avec une défense de feu.

On ne peut pas vraiment dire qu’il a bénéficié des JO pour travailler, la faute à l’assassin Collet (parti en scred’ chez les cavaliers) mais qu’à cela ne tienne. Au bout de dix matchs, Bilal est dans la course au MIP, en troisième position d’après ESPN, bien au chaud et prêt à régaler.

Un tomar sur Tristan Da Silva contre Orlando, un carrier-high de 27 points lors d’une victoire contre Atlanta, ce même Atlanta où il aura placé Trae Young en détention provisoire pour la soirée. Le chiffre est d’une violence inouïe pour un sophomore : quand Trae est défendu par Bilal ce soir-là, il tire à 2/15. Deux sur quinze.

Donc dix matchs joués, et mine de rien, déjà la certitude que Bilal va devenir l’une des pierres angulaires de cette équipe. Son entente avec Jordan Poole et les rookies est un plus indéniable.

 

8, comme le nombre de victoires que j’avais pronostiquées et que je maintiens.

Et ce sera même pas grave. Vous savez quoi, des fois, rentrer dans l’histoire, ça se fait aussi par la toute petite porte du fond, celle où l’ampoule est cassée et qui donne sur la rue où les clochards viennent chier.

Parce que cette équipe est en développement ! Keefe expérimente des choses, son coaching est, de manière générale, plutôt très bon, la balle circule et on a enfin arrêté, dieu merci, les isos nulles avec une balle quasi immobile qui finissait par une saucisse à trois points.

Mais au final, les chiffres et les faits sont têtus : nos jeunes Wizards tirent à 44%, soit le 21ème ratio de la ligue, ils tirent à 32% à trois points, soit le 25ème ratio de la ligue, ils sont les 25ème rebondeurs de la ligue avec 41 pris par soir, qu’ils sont 21ème au nombre de turnovers par soir avec 15 pertes de balles tous les soirs (big up aux Clippers qui en font 17 par soirs, pire équipe de la ligue sur ce spot, force à vous on est pas ensemble mdr).

Par contre, on est les dixièmes en termes de steals (8,5 par soirs) et troisièmes au contre avec 6,6 par soirs. Donc une équipe avec 1) de la hargne 2) de la volonté défensive et 3) la bonne mentalité. C’est pas grave d’envoyer des saucisses à trois points, le tir ça se travaille. On a drafté des mecs par le passé qui savaient pas tirer même si leurs vies en dépendaient et qui ont fini avec des pourcentages corrects ; bon, après ils finissent à Portland contre un premier tour et Malcolm Brogdon, mais ça c’est les aléas de la vie.

Donc dix matchs joués, et mine de rien, déjà une petite idée de ce qui va être cuisiné à Washington dans les prochaines années. Une équipe qui se bat, avec le bon état d’esprit. Will Dawkins a dit que ce serait long : pas de soucis, j’ai tout mon temps.

 

7, comme le nombre de premiers tours de draft sur les trois prochaines années

Il y a à peu près un an, j’écrivais sur ce même site un papier sobrement intitulé « Orange Mécanique », sur la stupidité sportive qui était caractéristique des Wizards pendant de très longues années. Les managements enchainés de Grunfeld avec celui de Sheppard auraient été, pour 99% de la population un moment d’abandon. Finalement à quoi bon ? Les mêmes erreurs, les mêmes profils, le même bullshit.

Bref.

J’ai écrit ce jour-là que les Wizards n’étaient pas une franchise de formation et de développement.

Après un an de management Dawkins-Winger, je suis obligé de retirer ces propos. Les profils de draft (bien scoutés par Travis Schlenk) sont exactement ce dont nous avons besoin. Ils disposent d’un temps de jeu correct et sont mis dans des conditions plutôt propices à leur développement. D’autant plus quand on fait le compte rapide de leurs âges :

Bilal et Kyshawn ont vingt ans. Alex et Bub ont dix-neuf ans. Et mine de rien, Jordan Poole n’a « que » vingt-cinq ans.

Donc dix matchs joués, et mine de rien, déjà l’envie d’être à la saison d’après. Peu importe QUI sera drafté, on peut enfin être fier de dire que les Wizards peuvent porter des jeunes, porter un projet, et y croire un peu. Et rien que cette phrase, c’est déjà une victoire pour nous.


6, comme le nombre de joueurs qu’il faudra brocanter d’ici à la deadline.

Malcolm Brogdon, Jonas Valanciunas, Richaun Holmes, Corey Kispert, Patrick Baldwin, voilà des noms, et j’en suis désolé pour eux, mais que je ne veux pas voir finir l’année sous le maillot des Wizards.


Pour plein de raisons différentes :


Brogdon est en contract year et il ne va rien nous apporter, il est en retour de longue blessure et sa présence ne colle pas du tout à notre agenda.

Valanciunas est plutôt bon depuis le début de l’année et des contenders (ou presque, salut les lakers) vont en vouloir. Pour peu qu’il y ait un first round dans la balance, son billet d’avion sera imprimé avant même qu’il n’ait pu dire au revoir.

Richaun Holmes faisait partie du package pour Gafford, une infime partie de son contrat est garantie et il n’a clairement plus rien à faire ici, va donc voir à Miami si on y est.

Corey Kispert vient de signer un nouveau contrat extrêmement valable, en gros 55 millions sur 3 ans. Petit shooteur plutôt agile, il sera l’allié de vos fins de matchs et en bonus on vous met une housse de rangement. Il a mal démarré l’année mais c’est un shooteur, quand son mojo va revenir, il aura retrouvé sa valeur.

Patrick Baldwin est nul, j’en peux plus de voir sa sale gueule sur le terrain. Foutez-moi ça en l’air, même au SLUC s’il le faut, mais zou, ça dégage.

Donc dix matchs joués, et mine de rien, déjà pressé d’être à la deadline pour voir ce que l’on va réussir à faire. J’ai l’impression d’oublier quelqu’un, cela dit…


5, comme le nombre d’années avant qu’on gagne un titre.

Non, c’est pour rire. Quoi que…


4, comme le poste où on ne veut pas voir jouer Alex Sarr.

Désolé Alex, mais tu n’es pas Wemby.

Maintenant que cette évidence est re-clarifiée, expliquons. Alex Sarr a rentré trois de ses dernières vingt-sept tentatives à trois points. Trois, sur vingt-sept. Je ne vais même pas prendre la peine de faire la statistique.

Alors qu’a contrario : Alex met en moyenne deux contres par matchs et est plutôt à l’aise balle en main dans la peinture. Donc deux de choses l’une : que ce soit une décision de coaching ou une demande du joueur (possible, n°2 de draft, il a surement des désidérata) il faut que ça cesse et qu’Alex soit placé en pivot. Un bon 5 à l’ancienne, capable de prendre des mid-range, qui met des bâches parce qu’en plus, pour un jeune de dix-neuf ans, sa défense est déjà très solide.

On a mentionné plus haut que Kyshawn George était un poste 4 plutôt désigné, un tir à trois points qui s’affirme (même s’il force comme un sac par moment), versatile et capable en défense. Ce sera lui ton 4 et je suis sûr qu’ensemble vous allez pouvoir développer un truc très intéressant.

Donc dix matchs joués, et mine de rien, déjà la certitude que les postes 1-2-3-4-5 du futur sont bouclés. Après tout, on vient de jouer pendant quelques matchs avec un cinq majeur Bub-Poole/Bilal-Kyshawn-Alex, et, évidemment que ce n’était pas parfait, mais c’est ce qu’on voulait et qu’on demandait.

Ah ça y’est, je me rappelle.

 

3, comme le nombre d’années de contrat restantes à Kyle Kuzma.


(tldr : j’aime Kuz mais il est temps qu’il parte.)


C’est terrible parce que, normalement, dézinguer les joueurs à l’acide sulfurique, c’est plutôt un exercice qui me convient bien. Mais là, c’est la feuille blanche.

Bon, déjà commencer par dire que tes stats ne sont pas bonnes cette année. Tu es revenu hors de forme et ça se voit, ça se sent. Les mouvements sont plus lents, le tir n’est plus aussi fluide qu’avant, et alors autant avant tu essayais de faire semblant de défendre mais même ça tu ne le fais plus.

Ce qui pose problème surtout, c’est l’attitude. On a longtemps, longuement, et à juste titre, décrié l’attitude d’un certain Bradley qui a joué ici quelques années. Tu es progressivement en train de tomber dans les mêmes travers. Hier soir, alors que l’équipe est en train de batailler pour recoller au score face aux spurs, il y a cette image terrible de toi, assis seul au bout du banc, loin du reste de l’équipe, coudes sur les genoux et serviette sur la tête.

Alors pendant longtemps l’avocat du diable, longtemps le défenseur de ta cause, il est temps de se rendre à l’évidence : je ne sais pas où exactement, mais il faut partir maintenant.

Mais merci pour tout. Merci d’avoir été un joueur silencieux, avec peu de drama (on passera sous silence tes tweets sur Trump) et, mine de rien pendant longtemps, bosseur. Merci d’avoir tenté d’endosser le rôle de vétéran alors que littéralement rien ne t’y obligeais. Ta complicité avec Deni, ta façon de check les jeunes sur le parquet, rien à redire. Merci d’avoir été ce joueur clutch (que tu es sans doute encore mais qu’on a pas encore vu cette saison) qui m’a fait hurlé, lors de ce déplacement pourri à Détroit, avec ce shoot en dernière seconde pour prendre la gagne, puis faire des grands « COUCOU » à toute la salle. Merci d’avoir accepté un contrat long ET dégressif, te rendant attrayant sur le marché et permettant la flexibilité à la franchise. Y a très, très peu de joueurs auxquels on peut penser qui ont fait un tel geste envers leur franchise et c’est important de le noter.

Contrairement à beaucoup, il n’y aura pas d’ingratitude ici. En ce moment t’es mauvais, ça arrive. On a toléré des mecs plus nuls que toi avec des salaires bien plus élevés et des gueules bien plus grandes ouvertes (Dinwiddie ahahaha, que tu as d’ailleurs assassiné sur twitter et, force est de constater que tu avais raison, puisque maintenant il fait les pipes et le café à Dallas). Mais on se rappelle surtout que l’année où tu re-signes, tu tournes en 22/8/6, que tu es l’option deux de la franchise derrière Porzingis, et que tu aurais pu nous truander avec un contrat de batard et des exigences de fou.

Il te reste trois ans de contrat, mais entre nous, tu ne passeras sans doute pas février à DC. J’espère que la franchise qui va t’accueillir te permettra de gagner une deuxième bague.

Donc dix matchs joués, et mine de rien, déjà envie de chialer à cause de ce mec. C’était funky, merci pour tout. Et promis, c’est moi qui écrirai le papier le jour où tu quittes la franchise.

 

2, comme le nombre de victoires qu’on va prendre d’ici au premier janvier.

Chicago et Atlanta. Et ce sera tout.

Déjà parce que notre calendrier est infect : deux fois New-York, deux fois Milwaukee, Boston Cleveland et Oklahoma et un back-to-back assassin Memphis-Denver du plaisir absolu en plein milieu du mois de décembre.

Soyons honnêtes : le tank ne va pas tirer le frein à main maintenant ; si trades il y a, ils ne vont pas améliorer l’équipe, et nous ne disposons pas d’un « joueur-dieu » comme certaines franchises qui, quand il décide de gagner, gagne – par contre Milwaukee, Denver et OKC en ont, eux.

Oh wait… ?

Il n’y aura pas de miracle de Noel pour les Wizards, pas plus qu’il n’y aura de réveillon heureux pour la nouvelle année, pas plus qu’il n’y aura de Thanksgiving souriant pour nous autres à DC. Mais qu’importe : notre plaisir, comme mentionné plus haut, se trouve ailleurs, cette année.

Donc dix matchs joués, et mine de rien, déjà la certitude que la lettre L en rouge dans la colonne des résultats va devenir notre meilleure amie.

 

1, comme le choix de draft qu’on veut cette année.

Cooper Flagg, « the Maine Event », freshman de Duke, 19 points, dix rebonds, 4 passes décisives, 45% à trois points. Athlétique, physique, intelligent en défense, multipliant les highlights et faisant saliver toutes les franchises NBA.

Ce serait mentir honteusement de dire qu’on ne vise pas le premier choix et de dire qu’on ne prendra pas Cooper Flagg avec celui-ci. Mais on a parlé plus haut de la brocante à venir de notre côté, et une petite voix dans ma tête me dit que, si l’on a la possibilité de pick plusieurs fois dans cette cuvée, on le fera.

Donc dix matchs joués, et mine de rien, déjà la bave aux lèvres en pensant à la draft. Trop profonde, trop de talent, trop de possibilités, trop trop trop. Vivement juin, c’est là que notre saison se joue, après tout.


Bilan :

Pour l’instant, nous sommes exactement là où nous devons être. Et nous vivons exactement ce que nous avons appelé de nos vœux à vivre l’an passé. Alors profitons. Profitons de voir Bub et Kyshawn s’éclater, profitons de voir Jordan Poole redevenir un vrai joueur de basket, profitons d’Alex Sarr et de ses progrès, profitons des derniers matchs de Kuz.

Comme toujours, merci d’être arrivé jusqu’ici – on se revoir en janvier, quelque part vers le 4, pour le prochain papier du même tonneau.

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