Ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi excité. Enfin, les play-offs. Après plusieurs années de disette, le retour des Wizards dans la post-saison. Il a fallu cependant, en bonne « chance » des sorciers, que ceux-ci pêchent la 8ème place et affrontent les Sixers. Une équipe qui fait peur et qui, en plus, dispose de tous les points forts pour s’emboiter dans nos points faibles. Alors j’ai mis mon maillot de Gilbert, enfilé mon pull « OSKOUR », j’ai espéré profiter d’un bien chouette match de basket-ball, et j’ai regardé ce pivot camerounais être un héros de manga, où même si tout se passe mal pour lui, voit ses amis faire le travail pour lui.
PREMIER QUART-TEMPS
Les compos sont les mêmes qu’à l’habitude des deux côtés. Une paire Harris/Embiid affrontera Hachimura et Len dans la peinture, et Simmons-Curry-Green feront face à Westbrook-Neto-Beal. Le déficit physique est évident. Mais Jojo commet déjà une première faute, à peine 1’30 jouée dans le premier quart. Si Len n’est pas son vis-à-vis le plus dense en carrière, l’Ukrainien a le mérite de lui poser des soucis. Un brin de tension se fait sentir dans l’air. Mais les premiers détails se voient tout de suite : la défense des Wizards est faillible, faute à un déficit physique incontestable, et les Sixers se jettent dedans. Sans réussite cela dit : si ce premier quart devait porter un nom, ce serait « Brick city Bitch ». Du déchet à ne plus savoir qu’en faire, et un plan de jeu étonnant : les Wizards se regroupent à 3 voire 4 dans la peinture, et laisse Jojo seul à 3 points. Et ça marche : la mire n’est pas réglée, et le faux-rythme du match peut continuer. Nos sorciers sont eux, mal engagés. Bradley Beal n’est pas réveillé, Raul Neto n’a AUCUN vis-à-vis correct et se fait out match dans 100% des cas et l’essentiel du jeu passe par… Alex Len. Les entrées d’Ish Smith et Daniel Gafford vont bien dynamiser le match : plus de rythme, plus de physique, et la deuxième faute, très tôt, de Jojo. Retour sur le banc donc, et Howard en lieu & place pour la fin du premier quart. Notre banc donne tout ce qu’il a : Bertans remet des 3 points (ça faisait longtemps), et Smith se donne comme un beau diable en défense. Hachimura passera lui, au travers complètement. Absorbé par Tobias Harris (en attaque comme en défense) il n’aura rien montré du premier quart temps. Et malgré un run 10-0 en fin de quart, les Wizards pêchent : pêchent par facilité, en se précipitant sur toutes les attaques, et pêchent par suffisance en réclamant des fautes à un arbitrage qui, disons-le, n’est pas ce que la NBA peut produire de mieux.
Fin de quart 28/27, et on se dit, avec quelques regrets, qu’on aurait dû mieux exploiter l’absence d’Embiid pendant quasiment 8 minutes. Mais l’essentiel est là. Encore trois fois comme ça, et le match est gagné. Facile non ?
SECOND QUART-TEMPS
Notre banc commence ce quart et continue dans la lignée de ce qu’il a produit dans le précédent, rythme et jeu simple. Et malheureusement, eux comme les titulaires vont être repris par la précipitation dans le jeu. Attitude néfaste qui donne leurs meilleures ouvertures aux Sixers. Et quand il ne fait pas de faute, le constat est implacable : Joel Embiid mange notre équipe en sauce blanche. Robin Lopez, Alex Len, même Daniel Gafford, il pump, pump-fake, pick-up, prend les fautes, c’est un playbook à lui tout seul. Rui profitera d’un moment un peu calme pour mettre ses premiers (!) points du match et quelque chose sautera alors aux yeux : Russell Westbrook est transparent. Peu de drives, des shoots pris à la va-vite et déjà, dans le deuxième quart, des hero-plays qui coutent des actions entières aux Wizards. Beal non plus n’est pas dans son assiette, et les autres joueurs tiennent les murs comme ils peuvent. Dans les trois dernières minutes du quart temps, le pauvre Raul Neto va même devoir défendre sur Ben Simmons. Nous sommes dépassés physiquement et tactiquement, et c’est uniquement grâce un back-to-back three-pointer de Bertans que nous pouvons rentrer aux vestiaires avec l’avantage au score. 62/61, et déjà un homme qui ne sera pas possible d’arrêter dans ce match : Tobias Harris est en feu, 28 points à la mi-temps et grosse défense dans sa raquette. Il était dit que les pillarmen de Philadelphie seraient dominants : rien n’était plus vrai à ce moment-là.
Notre banc nous porte, il nous permet d’exister à la mi-temps, mais Beal & Westbrook sont, eux, aux abonnés absents. Une énorme impression de gâchis persiste, mais on se satisfait grandement des perfs de Bertans & Gafford, qui répondent présent. L’arbitrage empire avec le temps, et les deux équipes reçoivent à tour de rôle des calls qu’elles ne devraient pas recevoir, à tel point qu’Embiid et Ish Smith vont en rigoler à l’approche de la mi-temps.
Et pourtant, j’ai l’impression d’oublier de parler de quelqu’un…
TROISIEME QUART-TEMPS
Drew Gooden nous rappelle que, cette saison, quand les Wizards mènent à la mi-temps, ils font 26 victoires pour 6 défaites. Les Sixers ont dû entendre le commentateur parler, parce que l’entrée de troisième quart temps est abominable pour les sorciers : les Sixers enchainent les paniers à trois points, Jojo est de retour sur le parquet, Harris passe déjà la barre des 30 points et l’écart est creusé. +8, et une défense qui ne veut déjà plus rien dire. Neto se retrouve en switch sur Embiid, Beal court comme un poulet sans tête et comme souvent depuis la trade deadline, le meilleur joueur est Daniel Gafford. Philly enchaîne son run, qui trainera jusqu’à 16/4. Alors pour sonner la révolte, Beal et Westbrook décident de se mettre à jouer. Enfin ! Les leaders de la capitale se mettent en ordre de marche et l’écart se réduit. Il reviendra à +4 par la fin du quart temps, mais les sorciers font BEAUCOUP trop de fautes et BEAUCOUP trop de déchet au shoot pour espérer repasser devant. Symbole de l’impuissance des nôtres : trois changement de pivot en 8 minutes. Embiid finira défendu par Robin Lopez, et l’image est cruelle : quand le pivot camerounais est debout, son coude arrive dans le nez de son adversaire direct. Et finalement, la révolte est étouffée. Beal et Westbrook enchaînent les hero-balls, quelques mauvais shoots et permettent aux commentateurs locaux de faire quelques blagues sur les joueurs de Washington. A ce moment-là de la partie, l’intensité physique des joueurs de la capitale est juste inexistante.
Et ce que l’on redoutait est arrivé : ils ont frappé fort là où nous étions faibles et nous n’avons jamais pu nous remettre d’aplomb. La qualité au shoot s’est dégradée (-15% en un quart temps) et tous les joueurs faisant mois de deux mètres passent un très mauvais match.
QUATRIEME QUART-TEMPS
Il n’y a plus aucune tentative de défense de notre part. A la place, les fautes s’enchainent. Fatigue ou énervement ? Difficile à dire tant le match est haché. Et tant le match est jeté également. Des choix de passes évidents, pour des shooters ouverts à 3 points (Bertans notamment), ne seront jamais fait. Beal & Westbrook d’habitude si efficace et tellement porteurs, enchainent mauvais choix et pertes de balles. 12 au total pour les deux joueurs, au total 15 pour l’équipe. A l’image de ce quart temps affreux, Russel Westbrook finira par mettre le pied hors limite, challengé et finalement validé par les arbitres. Il n’y aura donc eu que… trois pertes de balles sur les autres joueurs de Washington sur le parquet. Un run de quatre minutes pleines sans marquer également, entre la 10ème et la 6ème minute, comme un symbole. La défense de philly s’est resserrée, ils ne font plus de fautes, c’est terminé.
125/118, score final. On y aura cru deux quart temps et demi. Mais bizarrement, plutôt que la leçon qui nous était promise, on retiendra surtout l’efficacité avec laquelle nous nous sommes sabordés, comme si la peur de gagner avait été trop forte. C’était également le premier match de playoffs de beaucoup de joueurs des deux côtés, et on appréciera l’intensité permanente du match. Finalement, Jojo aura vécu un épisode étrange : 30 points malgré tout, mais un match haché, entrecoupé de fautes et où il n’aura pas pesé autant que voulu, se faisant voler la vedette par Tobias Harris. On nous avait promis qu’il nous ferait vivre un enfer, c’aurait pu être bien pire.
Ah et je me souviens maintenant !
C’EST GRAVE DOCTEUR ?
Malgré moi, je me retrouve souvent à faire l’avocat du diable. Parce que je considère que d’accabler une ou l’autre personne n’est jamais vraiment profitable ni très juste. Mais là, les seuls mots qui me viennent sont :
Mais que fait encore Scott Brooks à son poste ?
Cette fameuse peur de gagner, cette efficacité dans le sabordage, c’est la sienne. Elle n’est que de son fait, uniquement. Gill, Bonga, Hutchison, Matthews. Aucun n’a vu le parquet du Wells Fargo center. Normal, ils défendent. On disait plus tôt dans la saison que Gill était un bon défenseur, et que malgré sa faible adresse, il était le charbonnier dont nous avions besoin. Brooks a répondu en interview :
« Je ne savais pas qui c’était avant qu’il arrive chez nous. Je pensais qu’il était nul. »
Quel cauchemar.
Un affreux cauchemar de presque cinq ans maintenant, dont, encore une fois, tout s’est réalisé ce soir. Brooks est perdu dans le noir, il se tient à sa feuille de match comme si sa vie en dépendait. Il est incapable de lire le jeu, incapable de comprendre que les match-up ne sont pas bons, incapable d’envisager de faire jouer des joueurs qui ne marquent pas juste pour qu’ils défendent. Sa vision du basket est semblable à celle de Zdenek Zeman au football, à cela près que Zeman a révolutionné son époque et qu’il connaissait son sport. Le « tout-pour-l ’attaque » ne marche pas, et nécessite une connaissance tactique digne de ce nom, en plus d’avoir les joueurs suffisant pour l’appliquer. Brooks n’a rien de tout ça. Une sorte de Domenech pas rigolo qui ne demandera jamais Estelle en mariage, c’est critique et dramatique, et surtout ça se voit terriblement. Quand les experts ESPN disent que, avec n’importe quel autre entraineur, les Wizards feraient entre 5 et 10 victoires de plus, on les croit sur parole. Double défaite contre Orlando en début de saison avec des Q4 où l’on encaisse plus de 40 points ? Défaite honteuse contre les Pistons qui tankent, où l’on ne met même pas 100 points, et où ils ne voulaient même pas gagner ? Multiples défaites d’un point parce que tu ne sais pas prendre un temps mort et/ou prévoir la dernière action autrement que par :
« RUSS CARRY MOI SIL TE PLAIIIIIIT »
Ça suffit.
Ce match ce soir, c’est tout ce que on a détesté dans notre saison. Un match où tu peux gagner, visiblement, parce que les adversaires ne sont pas en grande forme. Un match où tu peux produire du basket propre en jouant sur tes forces et avec ton rythme. Et bien non.
Ce soir, on a vu un Q1 où notre plan de jeu, c’était du jeu lent en demi-terrain qui passait par Alex Len.
Ce soir, on a vu un Q2 où Raul Neto (1,85m, 81 kgs) a défendu sur Ben Simmons (2,11m, 109 kgs).
Ce soir, on a vu un Q3 où on a préféré double-team Dwight Howard plutôt que de marquer Seth Curry et Danny Green à 3 points pendant un run 16-4 des adversaires.
Et finalement, ce soir, on a vu notre franchise-player, dépité, regarder vers son banc en quête d’une solution, et n’y trouver que le néant.
Il n’y a pas de mots pour décrire la haine viscérale du coach ce soir. Parmi tous les matchs qu’il nous aura couté, celui-là a vraiment un goût amer. Alors finalement, on en serait presque à souhaiter en reprendre trois autres du même tonneau, un sweep en bonne et due forme, et que finalement, cet été, un nouvel homme fort arrive. On ne demande pas Monty Williams ni Michael Malone, simplement quelqu’un qui comprend le basket à travers d’autres plans que : « je dois me faire carry par mon FP sans schéma de jeu ».
LES CHOSES A RETENIR :
Il y en a très peu malheureusement.
On saluera le retour de la visée de Davis Bertans à trois points, qui a mis quelques tirs bien sentis. On saluera également le retour d’Ish Smith, en forme depuis le play-in qui se donne en défense et met du rythme en attaque, malgré des choix pas toujours judicieux. Et finalement, même si leurs chiffres du soir ne sont pas bons, on saluera nos trois pivots, qui vont encore devoir souffrir au moins trois matchs supplémentaires.
EN CONCLUSION :
Il faudra proposer autre chose pour le deuxième match. Il faudra que Westbrook se souvienne qu’il peut scorer proprement au drive et faire des triple double en faisant jouer ses coéquipiers. Il faudra que Beal se rappelle qu’il doit commencer de jouer avant Q3. Il faudra que Rui Hachimura se souvienne qu’il n’est plus un rookie et qu’il ne doit plus être impressionné par Tobias Harris. Le pauvre Raul Neto va devoir continuer de défendre sur des mecs qui ne le voient même pas en baissant la tête.
Alors peut-être qu’Anthony Gill et Chandler Hutchison verront le parquet cette fois-ci. Il existe une possibilité de voir un beau match de basket où on jouerait nos chances à 100%. Quitte à se faire sweep, il faudrait au moins, donner le meilleur de la franchise avant de partir en vacances non ?
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