WASHINGTON / CLEVELAND : VOYAGE AU BOUT DE L’ENNUI.

Il était donc acté que la victoire était obligatoire ce soir à domicile face à des cavaliers donc le tanking n’est même plus dissimulé. Emmenés par MONSIEUR triple-double lui-même, il fallait envoyer une performance… décente ? Et vu ce qui a été livré par Scottie Brooks ces derniers jours, on était malgré tout en droit de douter.

Beal est toujours blessé, malheureusement, mais normalement, pour battre ses cavaliers là, les Wizards ne devraient pas avoir besoin de sortir l’artillerie lourde.

LE MATCH :

Le starting five, parce qu’il faudra en parler quand on fera le bilan de la saison, est encore une fois inédit. Pas plus déséquilibré que la 3-guard line-up, mais presque. Davis Bertans va donc jouer poste 3 avec Hachimura en 4, derrière un backcourt Westbrook/Hutchison. Alex Len est titulaire au poste cinq. Finalement presque une vraie distribution des rôles, mais comme on le verra plus tard, les noms alignés ne sont pas tous les bons.

Ça commence mal, ce match. Rapidement mené 15/10 et dominés par Jarrett Allen (vous avez bien lu), on retombe – déjà – dans les travers des matchs contre Atlanta. Zéro défense, zéro intensité, et une réussite fuyante. Les Wizards livrent ce qu’ils savent faire de moins bien. Westbrook tente bien quelques drives par-ci par-là mais le brodie est irrémédiablement, terriblement seul. Un premier quart insipide qui se termine en 33/31 pour les cavs. Sexton court beaucoup trop vite et drive beaucoup trop bien pour 1) que Bertans ne se donne la peine de défendre et 2) que Len comprenne ce qu’il se passe autour de lui. Une terrible sensation de déjà-vu dans beaucoup de matchs cette saison.

Alors il faut réagir. Et la lumière va, Ô surprise, arriver chez Scott Brooks : "si je faisais rentrer des défenseurs" ? Entrées d’Anthony Gill et Daniel Gafford. Et soudainement le match bascule. Gill sort les barbelés et Gafford fait ce qu’il sait faire de mieux : se donner à 110% dans son duo avec Westbrook. Et ça va mieux. Les joueurs récupèrent les balles plus vite, le jeu devient rapide : les Wizards redeviennent l’équipe qu’ils étaient en Avril. Alors bien sûr, tout n’est pas parfait. Les cavaliers auront un run 15/3, Davis Bertans enchaine son Q2 avec une séquence de 5 tirs à 3 points ratés consécutivement, Chandler Hutchinson perdra deux ballons bêtement, mais finalement, les choses se replacent et la mi-temps est atteinte avec le lead, 56/58.

Le troisième quart est probablement celui qui nous a fait le plus détester Scott Brooks, car c’est celui où nous avons le mieux défendu avec une vraie line-up et des vrais schémas de jeu, ce qu'on aurait donc voulu voir toute l'année. Autant vous le dire tout de suite : ce quart est remporté 33/20 et le rythme aura été extrêmement rapide. Attardons-nous surtout sur la manière. 1) du physique est apporté au cinq. Comme dit plus haut, Gill & Gafford en 4 & 5, pour une moyenne à 2,08m sur le parquet. 2) de l’envie et du mental : des rebonds offensifs, et du combat sous le panier. Une attitude qui manquait cruellement ces derniers temps. Et donc ça fonctionne. Ça fonctionne même bien, Westbrook à un sourire aussi grand que son nouveau record personnel de triple-double (qu’il prolonge d’ailleurs dans ce Q3) et les joueurs sont libérés.

La fin du match est une petite formalité, finalement aussi peu entrainante que le reste du match. Mais l’essentiel est là : le play-in est accroché, et quelque part, les Wizards peuvent encore secrètement rêver de la huitième place. On reviendra surement un jour sur l’aigreur qui nous parcourt quand on repense à notre début de saison, mais ce soir, le plaisir ne sera pas boudé. Wizards basketball, défense, jeu propre, court et rapide. Tout ce qu’on veut et aurait voulu voir sur le long de la saison. Reste à confirmer dimanche face à Charlotte.

ALORS C’EST QUI LES BONS JOUEURS ?

Numéro 1 : ANTHONY GILL

Les 16 personnes qui suivent activement l’Euroleague le savaient déjà, mais Anthony Gill est un monstre de défense. Pas très à l’aise balle en main et malgré tout peu adroit face au panier, il reste un excellent rebondeur et surtout, SURTOUT, un défenseur complet très précieux. Ce soir, il a pris les minute d’un Rui Hachimura très peu inspiré et relativement mou en défense et ce fût payant. Seulement deux fautes en 22 minutes, mais surtout 12 points, 5 rebonds, deux interceptions et deux blocks. Et l’un des seuls joueurs qui, quand le match était encore incertain, avait un ratio +/- positif. Son impact des deux côtés du terrain a été prégnant et ce soir, pour une fois, il mérite son numéro uno.

Numéro 2 : DANIEL GAFFORD

Ça devient une (mauvaise) habitude, mais on se rend compte beaucoup trop facilement des segments pendant lesquels Dan the Man est présent – ou pas. Il apporte la vitesse et l'agressivité dans la peinture adverse et de la sécurité dans la peinture des siens. Ce soir encore, 3 blocks et 3 rebonds offensifs, rien à jeter dans sa performance. Même son point faible habituel, sa tendance à la faute, n’était pas là ce soir. C’était propre, c’était safe, et on en redemande. La paire Gill/Gafford à l’air, de surcroit, de bien matcher ensemble sur le parquet et finalement, Len et Lopez perdent peu à peu leur minutes, mais on aimerait bien qu’au moins un des deux n’en ait plus du tout au profit des GG de Washington.

Numéro 3 : RUSSELL WESTBROOK

Ohlala, quelle surprise… Non. Le brodie n’est pas prêt de s’arrêter. Quelque part dans un shitstorm twitter, j’ai lu que maintenant qu’il avait son record, il allait s’arrêter. Et bien ce soir, Russ a répondu « PTDR ». Les questions sur son contrat ? Envolées depuis longtemps. Stat-padder ? Plutôt leader qui fait gagner son équipe. Physique défaillant ? Plutôt machine qui ne s’arrête plus. Ce soir encore, RussWest était au four et au moulin, seulement une perte de balle et 17 (!!) caviars distribués. Brodie nous aura donc carry jusqu’en play-in, avec un nouveau triple-double, en attendant les play-offs. Toute la Wizard nation vous dit (déjà) merci, monsieur Westbrook.

C’EST GRAVE DOCTEUR ?

Par où commencer ? Alors pêle-mêle :

- Ish Smith commence d’être vraiment très défaillant. Peu adroit au tir, peu impactant en attaque, inexistant physiquement, transparent en défense, il est loin, le Smith de Détroit qui postulait pour être 6MOY. Il devient même énervant quand des situations faciles deviennent instantanément compliquées juste parce qu’il tient la balle.

- Davis Bertans, qui envoie brique sur brique depuis quelques matchs. 3/11 à trois points, et toujours aucune défense, Davis peut en plus se targuer d’être l’un des seuls ailier-forts de la ligue à ne prendre quasiment aucun rebond. Ce soir, avec Dean Wade comme vis-a-vis, notre 4 titulaire s’est fait marcher dessus (1 rebond contre 9 pour Wade, à temps de jeu équivalent). SI ça continue comme ça, elles risquent d’être longues, ces cinq années à 18M.

- Rui Hachimura, depuis son retour de blessure, peine à exister comme il l’a fait courant mars. Et en plus de ça, si on omet son match contre les Lakers, son activité sur le terrain est très faible. Ce soir, il aurait pu aider Westbrook à clore le match dès le Q2 mais a péché. En espérant qu’un peu de regain physique et un peu plus d’enjeu en play-in vont remettre le samouraï d’aplomb !

- Scott Brooks. Il faut partir maintenant monsieur.

LE PROGRAMME :

Le dernier match de la saison à domicile contre Charlotte. On sait qu’ils ont : des postes 1-2-3 très forts et un secteur 4/5 très faible. Donc logiquement, un coach valable se dirait qu’avec une raquette physique, et des extérieurs qui tiennent le duel, c’est un match à portée. Le match de ce soir devrait servir de « blueprint », donc, et permettre d’essayer, au moins l’espace d’un match, d’aller chercher le 8ème spot. Il y a clairement des joueurs plus en confiance que d’autres et il va falloir se reposer sur eux pour avancer. Et en prime, Bradley Beal devrait revenir de blessure. Que demande le peuple ?