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François Simonin

Hommage à Jerome Robinson, petit Sorcier parti trop tôt

Alors qu'il a été coupé ce Jeudi 8 Avril, c'est le cœur lourd que je vous propose de revenir sur l'histoire d'un joueur que toute la Wizards Nation a adoré détester.



La jeunesse de Jerome Robinson


Jerome Robinson Jr est né le 22 Février 1997 à Raleigh, en Caroline du Nord. Il est le fils ainé

de Jerome Robinson Sr et d'Amy Robinson. Jerome Sr cumule les

petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille tandis qu'Amy s'occupe du foyer et de ses 4 fils. L'enfance de Jerome Jr est assez rude, ses parents sont pauvres et il doit affronter les discriminations lié à son statut d'afro-américain grandissant en Caroline du Nord.


Néanmoins, Jerome trouve rapidement une manière de s'évader : le basketball. Il commence à jouer dès sa plus tendre enfance et ses parents l'encouragent et le supportent.


Même au basket tout n'est pas simple pour lui.

Jusqu'au collège, il ne joue que très peu et n'arrive pas à se faire remarquer. Heureusement, son arrivée au lycée sera très bénéfique pour Jerome. Son coach descelle en lui un certain talent et décide de construit son équipe autour de lui. Au regard du talent disponible dans ce petit lycée, il n'avait pas tort. Ainsi Rome gagne peu à peu en réputation et rejoint un programme d'aides sociales qui permet à ses parents d'envisager d'envoyer leur fils à l'université. Par ailleurs, il est évalué par ESPN comme le 306e meilleur joueur du pays pour la cuvée universitaire 2015 et certaines facs mineures commencent même à lui exprimer leur intérêt .


 

Sa carrière universitaire


Après son cursus en High School, il prend donc la direction de Boston College, dans le Massachusetts, et quitte sa Caroline du Nord natale. Il rejoint un petit programme dont il devient rapidement une figure importante. Sa saison 2015-2016 est assez encourageante bien que catastrophique collectivement (bilan de 0-18 dans sa conférence). Il n'est que la deuxième option de son équipe, derrière Eli Carter un meneur Senior de 24 ans, mais cela ne l'empêche pas d'être nominé comme mention honorable pour la distinction de Joueur de l'Année de sa Conférence.


Avec le départ d'Eli Carter, il devient l'option numéro 1 de son équipe en deuxième année et est rejoint par le Freshman Ky Bowman, drafté en NBA en 2019. Ensemble, ils forment une paire d'arrières scoreurs étonnamment performants qui permettra à Boston College de gagner 2 matchs cette saison-là, c'est un début. Si Jerome prend le jeu à son compte, il permet à Ky de briller derrière l'arc et de shooter à 45% à 3 points grâce aux espaces ainsi créés. Ainsi en 2016-2017, ils tournent respectivement à 18.7 et 14.3 points mais ils n'arrivent pas à faire gagner une équipe de Boston College habituée aux dernières places de la Atlantic Coast Conference depuis la fin de la décennie précédente.


Mais la saison suivante sera celle de la révélation pour Jerome Robinson. Malgré des résultats collectifs toujours décevants bien qu'en progrès, le natif de Raleigh propose un niveau de propreté et d'efficacité qui était jusque-là insoupçonné. Ses stats sur cette saison 2017-2018 ? 20.7 points, 3.6 rebonds, 3.3 passes et surtout un très solide 49/41/83. Fort de cette saison plus que convaincante individuellement, il décide de se présenter à la Draft 2018, sûrement conscient que sa côte ne sera jamais aussi haute qu'après une telle saison.


Malgré son statut de joueur Junior et son bilan de 9 victoires et 45 défaites en carrière dans la conférence ACC, il est projeté entre la fin de loterie et le 20e choix par la plupart des mock drafts. Les scouts voient en lui un deuxième arrière ne présentant que peu de risques. Efficace en catch and shoot, capable de tenir le ballon, de créer pour les autres et de défendre convenablement, son plafond n'est peut-être pas très haut mais son plancher en fait un joueur qui apportera en 2nd unit à coup sûr selon eux.


Bien évidemment, il est toujours plus simple de juger un joueur avec du recul, mais il n'empêche que la perception des sites spécialisés était plus ou moins homogène à son sujet.


Le soir de la Draft, ce sont les Clippers qui le sélectionnent avec leur 13e choix, ce qui peut être considéré comme un reach d'autant qu'il est choisi juste avant Michael Porter Jr. De plus, de nombreux arrières sont alors encore disponibles comme Troy Brown Jr, Donte DiVicenzo, Lonnie Walker, Kevin Huerter ou Landry Shamet, ce qui rendra sa sélection encore plus décevante à posteriori. Mais les faits sont là et Jerome s'apprête à découvrir les parquets NBA.


 


Ses premiers pas en NBA


Lors de la Summer League, les Clippers alignent une équipe prometteuse avec notamment Jerome Robinson, Sindarius Thornwell (47e choix de la Draft 2017) et Shai Gilgeous-Alexander. Lors de cette ligue d'Été, Rome se montre sans pour autant dominer en inscrivant 13.7 points par match à 44% au tir et 37% de loin.


Malgré une Summer League intéressante, il n'obtient pas un statut satisfaisant lors de la saison régulière. En effet, son temps de jeu est limité par un effectif des Clippers trop complet. Poste 2/3, il passe derrière Lou Williams, Avery Bradley, Shai Gilgeous-Alexander et Danilo Gallinari. Afin d'avoir du temps de jeu, les Clippers l'envoient dans leur Franchise de G-League, les Agua Caliente Clippers. Il arrive à montrer un bon niveau et garde sa propreté, shootant à 40.7% de loin.


Malheureusement pour lui, il n'arrivera jamais à traduire sa propreté sur les terrains NBA. Pour sa saison Rookie, il joue finalement 33 matchs avec les Clippers et son temps de jeu est d'en moyenne de 10 minutes. Ses pourcentages sont vraiment suspects (40% au tir et 31.6% de loin) ce qui ne plaidera pas sa cause auprès de Doc Rivers.


Ses responsabilités sont très limitées mais Doc lui donne une chance contre Indiana en Février 2019. Il joue 27 minutes, prend 13 tirs et n'en rentre que 2. Est-ce que son match est mauvais pour autant ? Pas forcément. Il crée un peu pour les autres mais il se démarque surtout par sa défense. La défaite est lourde puisque les Clippers perdent de 24 points mais Rome a tout de même réalisé 5 interceptions alors qu'il sortait du banc et a limité Aaron Holiday à un pauvre 1/9 au tir. Les faits sont là, Jerome lutte avec son tir et ses choix offensifs mais il défend bien et apporte son envie, ce qui est une constante dans sa carrière NBA jusqu'à maintenant.


Malgré tout, Doc Rivers n'est pas convaincu et Jerome Robinson doit se contenter de jouer des garbage times. Son temps de jeu augmente un peu en fin de saison mais la donne a changé pour lui. En effet, depuis le trade de Tobias Harris, Rome a perdu en valeur aux yeux de son coach. Drafté en 26e position cette année-là, soit 13 choix derrière Jerome, Landry Shamet est arriv" dans le trade de Tobias Harris et il s'est très rapidement imposé dans le 5 majeur grâce à ses 45% à 3 points, efficacité qu'il arrive à maintenir malgré un gros volume de tirs.


La concurrence est trop rude et Robinson semble dans l'incapacité de s'imposer à Los Angeles. À peine sa saison Rookie finie, son temps paraît d'ores et déjà compté aux Clippers.


Sa saison 2019-2020 repart sur des bases faméliques et son efficacité empire. 34% au tir et 28% de loin, de quoi porter le doute quant à sa place en NBA. Néanmoins, le 6 Février 2020, soir de la Trade Deadline, la donne change pour le natif de Raleigh. Les Clippers l'envoient à Washington en échange d'Isaiah Thomas. Un trade où les deux parties se séparent de leurs indésirables, si bien qu'Isaiah Thomas sera coupé dans la foulée, mais pour Jerome c'est l'occasion de prendre un nouveau départ.


Il sera lui conservé par les Wizards et aura enfin l'occasion de s'exprimer. Avec un temps de jeu de plus en plus conséquent, il jouera 21 matchs avec les Wizards sur cette saison. Sans être transcendant, il est relativement convaincant et ses pourcentages sont en hausse. Il se targue même d'une belle fin de saison avec 8 dernier matchs très sérieux à 14.8 points de moyenne, 42.6% au tir et 36.7% de loin. Ce n'est pas encore incroyable mais on se dit que Rome a peut-être trouvé sa place en NBA.


Néanmoins, son temps de jeu n'est pas garanti pour autant. En effet, les Wizards se renforcent à l'intersaison et la concurrence de Jerome est élargie. Alors qu'il est déjà à la lutte avec Troy Brown Jr, Isaac Bonga et Garrison Mathews, il voit arriver le Rookie Deni Avdija qui prend des minutes sur le poste 3 et prétend à un rôle majeur dans la rotation et le futur de la Franchise de la Capitale.


Sur la saison 2020-2021, Jerome Robinson joue 13 des 24 premiers matchs, avec un temps de jeu irrégulier dont seul Scott Brooks a le secret, avant d'être mis au placard. Sa production et ses pourcentages sont écœurants et il n'arrive pas à capitaliser sur sa bonne fin de saison précédente. Après près d'un mois et demi sans jouer, Rome jouera 4 matchs de suite dont 3 en tant que titulaire pour remplacer Beal, éloigné des terrains à cause d'une blessure à la hanche.


6 sur 28 au tir, 2 sur 11 à 3 points, 8 pertes de balles pour 7 passes mais tout de même 6 interceptions sur ces 4 matchs. Des mauvaises décisions à foison, un manque d'adresse fou et un forcing offensif digne de Dillon Brooks, Jerome Robinson a été on ne peut plus énervant durant ces matchs si bien qu'il a cristallisé bons nombres des remarques faites à Scott Brooks cette saison. Mauvaise gestion des jeunes, rotations aléatoires et manque d'emprise sur ses joueurs, tout cela se retrouve dans le cas Robinson.


Par ailleurs, ces 4 matchs seront ses dernier sous le jersey des Wizards avant d'être coupé. Il est actuellement sans contrat et aucune rumeur ne gravite autour de lui concernant une offre de contrat pour la fin de saison.


 

Qu'est-ce qui n'a pas marché dans le projet Jerome Robinson ?


La NBA n'est pas une science exacte et cela n'est jamais aussi vrai qu'à la Draft. Si sa sélection avec le 13e choix par les Clippers est un reach, il était tout de même projeté unanimement comme un prospect du premier tour. Ses qualités sont réelles et l'impression de certitude dans son profil était justifiée, mais il y a toujours une part d'incertitude que l'on ne peut prédire.


On a beau s'être moqué de lui et de sa production, Jerome est un bon joueur de basket et fait partie de l'élite de ce sport ayant l'opportunité d'évoluer en NBA. Néanmoins, briller à la Fac ou en G-League et jouer en NBA, ce sont deux choses totalement différentes. Les règles changent, la pression et le niveau moyen augmentent et les choix sportifs des Franchises sont impitoyables. Reculer la ligne à 3 points n'est jamais anodin pour un shooteur et devenir un joueur de complément alors que l'on était la Star de sa Fac demande un temps d'adaptation. Ce sont peut-être les deux choses qui ont le plus manqué à Jerome Robinson.


Il n'a jamais semblé en confiance avec son shoot à 3 points en NBA et cela s'explique peut-être par le manque d'intérêt que ses coachs ont eu à son égard. Il n'est d'ailleurs jamais tombé chez un coach formateur le voyant comme un projet qui en valait la peine. Il n'a jamais eu la chance d'avoir un temps de jeu régulier et des responsabilités précises reconduites match après match. À cause d'une concurrence trop importante, il s'est en bonne partie contenté de garbage time durant lesquels il pouvait jouer comme la Star qu'il était à sa Fac, ne l'aidant pas à s'adapter à un rôle cohérent avec son profil en NBA.


Jerome Robinson n'est pas un prodige, mais il n'est pas dénué de qualités. Ses statistiques au tir à la Fac et en G-League ne sont pas des mirages, il aurait pu pour être un shooteur relativement efficace en NBA s'il avait plus de confiance de ses coachs et un meilleur encadrement pour l'aider à épurer sa sélection de tirs. C'est un créateur balle en main capable doublé d'un joueur qui aurait pu évoluer convenablement sans ballon s'il avait amélioré la fiabilité de son tir, comme il l'a fait par séquence à la Boston College et Agua Caliente. Défensivement, il a su apporter son énergie et ses interceptions malgré des qualités athlétiques limitées, la défense étant sûrement le point le plus fiable entrevu au cours de sa carrière NBA.


Jerome Robinson Jr était un jeune afro-américain des quartiers pauvres de Raleigh. Discriminé depuis son plus jeune âge, la vie ne lui a rien offert et il s'est construit à force d'efforts et grâce au soutien de ses parents. Il a cru en lui quand aucun coach ne le faisait, a été reconnu sur le tard, est devenu la Star de son programme universitaire et a rejoint la Grande Ligne alors que rien ne le présageait deux ans plus tôt. Forcément, un tel parcours impose le respect.


On ne peut pas être certain qu'il aurait pu s'adapter à la NBA ou qu'il aurait progressé s'il avait pu jouer dans des contextes plus favorables, mais il est impossible de ne pas avoir un petit goût de regret le concernant.


On lui souhaite donc bon courage dans sa recherche d'équipe, en espérant pour lui qu'il tombe dans une équipe avec un coach qui saura lui définir un cadre et l'aider à enfin s'adapter à la NBA.


On t'aime Jéjé.



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