La raison principale de notre seul trade de la saison est Deni Avdija. En effet, comme le dit Tommy Sheppard depuis plus d’une semaine, notre échange avec les Lakers qui envoyait, entre autres, Rui Hachimura a Los Angeles contre Kendrick Nunn a été fait avec un objectif précis en tête : celui de donner plus de minutes, de ballons et de responsabilités à notre jeune ailier. Et on peut détester Tommy Sheppard pour énormément de raisons mais l’éclosion de Deni ne peut que lui donner raison sur ce pari plus que risqué. Afin de mieux comprendre cette éclosion plutôt tardive, revenons sur la carrière de ce-dernier.
Fils de l’ancien basketteur international Yougoslave, Zufer Avdija, Deni baigne dans le basket depuis qu’il est tout petit et c’est d’ailleurs à 16 ans qu’il devient le plus jeune joueur à jouer pour son club de formation, le Maccabi Tel Aviv. Malgré cette précocité en club, c’est dans les compétitions internationales jeunes que Deni fait rapidement parler de lui ; notamment grâce a sa campagne Euro U16 en été 2017, durant laquelle il compile 15.3 points, 12.6 rebonds et 5.3 passes de moyennes qui font de lui le meilleur rebondeur ET passeur de la compétition. Dans la lignée de son Euro, en début d’année 2019, Deni s’illustre aussi dans le fameux Adidas Next Generation Tournament, où il finit meilleur marqueur, passeur et rebondeur de son équipe, rien que ça. Certes Deni a prouvé face aux joueurs de son âge, et à merveille. Mais c’est bien connu, performer en équipe jeunes européennes n’a jamais permis a personne de décrocher un contrat NBA et c’est pour cela que la dernière de Deni en Europe va être cruciale pour la suite de sa carrière. Avant de parler de cette dernière saison il est important de préciser que cette partie en aura en fait deux distinctes, une qui traitera de ses performances en championnat et l’autre en Euroligue.
Premièrement en championnat la copie est (presque) parfaite. En attaque, on voit un bon playmaker de 2m05 capable de monter le ballon et de mener l’attaque, chose qu’il fait énormément d’ailleurs. Sa capacité a finir fort au panier fait de lui une menace sur chaque drive ce qui lui a permis de manière récurrente de trouver un intérieur poste bas en situation de High Low. Si il est tant une menace en pénétration ,c’est en partie grâce à sa capacité à utiliser son corps en rentrant dans le torse de ses adversaires afin de se créer de l’espace. Il est capable de s’enflammer sur un match à 3 points, même si il reste très irrégulier dans ce domaine. Ensuite, il ne prend que très peu de tir a mi-distance, même si on peut estimer qu’il avait alors une très grande marge de progression dans ce domaine, notamment au vu de son pourcentage aux LFs de 58.1% sur la saison, qui confine à la limite du honteux pour un joueur professionnel de son calibre. Toute ces qualités offensives lui ont valu de finir sa première saison complète titulaire en pro meilleur marqueur et deuxième meilleur rebondeur de son équipe en championnat. De l’autre côté du terrain, c’est franchement bon, un petit de mal à contenir les pénétrations adverses, mais petit défaut effacé par sa capacité à contest au panier. Enfin, sa faculté a lire les trajectoires des ballons lui permet de récupérer un grand nombre de rebond, même s’il n’est pas le plus grand sur le parquet. On a vu que le rôle de titulaire indiscutable en championnat lui allait a merveille mais en Euroligue ça n’est pas la même chose. En effet, le jeune ailier jouait moins et en sortie de banc car les stars comme Scottie Wilbekin jouaient plus et touchaient beaucoup plus de ballons. Contre toutes attentes, Deni s’est très bien adapté à ce rôle en tirant profit de toutes ses possessions, que ce soit en contre attaque, en drivant dans une défense désordonnée ou en restant dans le corner a 3. Cette adaptation est d’autant plus intéressante étant donné que c’est certainement le rôle que sa prochaine franchise lui donnera a ses débuts NBA. Enfin, il occupe aussi le rôle de star, notamment durant l’Euro U20 en été 2019 où il mènera son équipe à la victoire finale contre l’Espagne à domicile tout en étant élu MVP du tournoi. Durant cette saison, il y avait beaucoup de hype autour du prospect, déjà en raison du cas Doncic, qui a effacé beaucoup d’aprioris sur les jeunes joueurs européens, mais aussi car il a fini MVP de son championnat national à tout juste 18 ans. Enfin, il faut souligner le rôle de médias comme Overtime Europe, qui couvrait plusieurs de ses matchs et ont même réalisé un mini-reportage sur lui.
Après toute cette hype et ces questionnements sur le prospect, c’est finalement nous qui le choisissons à la 9e position de la draft 2020 et cette décision est plutôt bien reçue par la communauté, même si certains étaient réticents de voir un autre joueur européen arrivé à Washington. Mais alors qu’il devait intégrer une équipe jeune qui semblait destinée à tanker, notamment à cause des incertitudes autour de la santé de John Wall, le 2 décembre 2020 marquera un tournant dans l’histoire de notre franchise. En effet, l’arrivée de Russell Westbrook en échange de John Wall et d’un premier tour de draft changera drastiquement les objectifs de la franchise et louper les Play-Offs aurait été dès lors un drame pour Washington. Mais qui dit arriver de l’un des plus grands meneurs de l’histoire dit forcément moins de temps de développement pour les rookies et autres jeunes, de plus Deni n’était pas le seul jeune qui devait prouver sa valeur car il était accompagné de, entres autres, Rui Hachimura, Troy Brown, Moritz Wagner ou encore Daniel Gafford. C’est dans ce contexte pas simple pour un choix de lotterie que Deni fit sa première saison dans la ligue et celle ci c’est avéré plutôt décevante. Du côté des points positifs on a pus retrouver sa très bonne vision sur les rebonds car c’est peut-être l’endroit où il était le meilleur a ce moment, on a aussi pus voir une bonne intelligence de jeu par exemple il s’aperçoit rapidement de la présence d’un mismatch sur le terrain et joue souvent dessus et enfin on a vu des flashs d’une bonne défense extérieur sur certaines séquences. Du côté des points négatifs, on a déjà une inconsistance problématique au scoring et notamment au shoot extérieur. On a aussi vu un physique trop peu imposant pour lui permettre de dominer ses adversaires en pénétration comme il le faisait en Europe. Enfin sa bonne défense était ternie par sa fâcheuse habitude à commettre des fautes ce qui mettait souvent à mal l’équipe. Sa première saison très mitigée se soldera alors par une blessure à la cheville qui le gardera hors des parquets pendant 3 mois.
Après une série de Play-off décevante contre les Sixers, le Front Office décide d’envoyer dans un blockbuster trade Westbrook aux Lakers contre Kuzma, Kentavious Caldwell-Pope et Montrezl Harrell avant de signer Spencer Dinwiddie durant la Free Agency. Ce dernier partira avec Davis Bertans aux Dallas Mavericks contre Kristaps Porzingis. Malgré un début de saison excellent de l’équipe, qui après un run 10-3 se placera sur le toit de la conférence est, Deni affiche des stats très peu prometteuses avec 5.8 points par match et 5.6 rebonds. En attaque, toujours les mêmes lacunes : Deni n’arrive toujours pas à utiliser son corps pour dominer les défenses, reste plutôt inconsistant sur ses tirs extérieurs. Il faut noter quand même une petite amélioration aux lancers francs. En revanche, en défense, la donne a totalement changé pour le jeune ailier. En effet, grâce a ses nombreuses excellentes séquences défensives, il est devenu, durant la saison, l’option défensive n1 de l’équipe et est pratiquement constamment envoyé sur les meilleurs attaquants adverses. Pour finir, son talent en tant que rebondeur est resté intact et on a pu le voir en récupérer beaucoup tout le long de la saison. On terminera alors la saison à la douzième place.
De retour de l’Eurobasket 2022, raté avec son pays, malgré des bonnes performances de notre ailier, la saison NBA commence et on a l’impression de revoir le même Avdija. Toujours les mêmes faiblesses, toujours les mêmes qualités : à ce moment là , on se demande vraiment si nous n'avions pas drafté un bust et je pense que le mauvais niveau général de sa classe de draft le sauve de cette appellation.
Ces questionnements se sont envolés après le fameux trade de Rui Hachimura aux Lakers contre Kendrick Nunn. En effet depuis ce jour Deni n’est plus le même, une liberté et confiance offensive comme on avait jamais vu auparavant : on le voit de plus en plus pénétrer sans hésiter à utiliser son corps comme il le faisait en Europe et moins de tirs extérieurs même s'il a dorénavant beaucoup plus d’assurance dans cette exercice. En défense, il est toujours l’option n1 et son association avec Delon Wright en sortie de banc marche extrêmement bien. En plus de cela, le groupe semble vivre bien mieux depuis le départ du japonais, comme en témoigne le nouveau surnom de l’ailier, "Turbo".
Le profil de Deni semble en plus de cela bien mieux collé au style de jeu de Wes Unseld Jr, contrairement à Hachimura qui malgré ses qualités montrées chez nous ou à Gonzaga, n'a pas réussi à s’intégrer dans le plan de jeu de notre Head Coach.
Maintenant difficile d’être pessimiste pour le futur tant Deni nous a montré l’étendue de son talent, et ce, même dans les matchs où il a montré ses limites au scoring puisqu'il a alors su se montrer utile dans les autres registres du jeu. Pour finir, je pense sincèrement qu’on ressort vainqueur de ce trade, même dans l’éventualité où Hachimura réussit à LA, car en plus de développer notre meilleur espoir, il permet aussi de nous ramener un réel scoreur en sortie de banc.
Amine O.