Afin de fêter les 15 ans du match 6 légendaire entre nos Wizards et les Cleveland Cavaliers, on vous invite à vous replonger sur la saison 2005-2006 et la carrière de Gilbert Arenas au travers de deux articles. Fais chauffer la DeLorean Scottie !
Il y a des joueurs qui marquent une Franchise. Si l'on pense aux Wizards et aux Bullets, certains noms semblent évidents. Pour les plus anciens il y a Walt Bellamy ou la paire d'intérieurs des 70s Wes Unseld - Elvin Hayes (petite raquette). Plus récemment on peut penser à John Wall ou Bradley Beal, les deux joueurs qui ont rythmé la décennie 2010s du côté de la Capitale. Mais entre 2003 et 2007, il y avait un génie qui a fait tremblé toute la ligue et le cœur de nombreux fans de NBA, un joueur qui avait tant de choses à offrir au basket mais la dramaturgie de la vie en a voulu autrement. Ce joueur, c'était Gilbert Arenas.
Les deux premières saisons de Gilbert à Washington
En 2003, Gilbert pose ses bagages à Washington. 31e choix de la Draft 2001, il était en fin de contrat et le Front Office des Wizards avait eu la bonne idée de cibler ce MIP en titre lors de cette Free Agency. Les Warriors étaient dans l'impossibilité de matcher l'offre et l'Agent 0 fit donc le chemin vers la Capitale. Cette situation a d'ailleurs créé un changement de règles a posteriori, autorisant ainsi les équipes à dépasser le salary cap pour re-signer leurs RFA du second tour.
Après une première saison relativement convaincante durant laquelle il s'est battu avec une blessure abdominale, la saison 2004-2005 est celle de l'explosion. 25 points, 5 rebonds, 5 passes et 1.7 interception par match, le General de la Capitale produit et permet aux siens d'effectuer une saison à 45 victoires et 37 défaites, bilan que la Franchise n'avait pas atteint depuis 1979. Gilbert était assez mal entouré puisqu'en dehors de Larry Hughes et d'Antawn Jamison l'effectif des Wizards n'était guère reluisant. Cette saison-là, ils réussiront tout de même à passer leur premier tour de Playoffs, une première pour la Franchise depuis plus de 20 ans. En effet, menés par ce trio, les Wizards élimineront les jeunes Bulls d'Eddy Curry, Kirk Hinrich, Ben Gordon, Luol Deng et Tyson Chandler (on sent que c'est plus les 90s dans l'Illinois). Malheureusement, ils se feront sweeper au 2e tour par le Heat d'un Dwyane Wade tout énervé et d'un Shaq 2e au vote du MVP cette année-là. La fin de saison est frustrante mais Washington est plein d'espoirs et la saison à venir pourrait bien être celle de la confirmation.
Un changement pas si anodin dans le "Big 3"
Cet Été-là, Larry Hughes est agent libre et il prend le chemin de Cleveland. Le Front Office de Washington est donc contraint d'aller chercher un joueur capable de former un nouveau trio avec Gilbert et Antawn, et c'est vers Caron Butler qu'ils se tournent. Celui-ci avait été drafté par Miami en 2002 mais il s'était rapidement retrouvé dans l'ombre de Wade un an plus tard. Envoyé aux Lakers avec Lamar Odom et Brian Grant en échange du Shaq (oui, tout est lié), il n'était pas en odeur de sainteté dans une équipe qui voulait vite redevenir compétitive pour ne pas frustrer Kobe. Il fut donc décider de le laisser partir et les Wizards lâchèrent Kwame "Draft Punchline" Brown et Laron Profit pour le récupérer.
Cette arrivée était tout sauf anodine. En effet, Caron Butler était un poste 3 qui ne créait pas autant que Larry Hughes et Gilbert devint donc l'unique dépositaire du jeu extérieur des Wizards. Cela s'accordait bien avec la progression de l'Agent 0 qui venait d'être All-Star pour la première fois et qui était en train de s'imposer comme un des meilleurs joueurs de la Conférence Est. De quoi présager sa meilleure saison en carrière.
L'effectif des Wizards pour la saison 2005-2006
Avant de plonger plus en profondeur dans celle-ci, revenons un peu sur l'effectif des Wizards pour cette saison 2005-2006, de quoi découvrir de nouveaux noms pour certains.
Les 3 "Stars"
Tout d'abord, Gilbert. Franchise Player de ces Wizards, c'était un scoreur prolifique et somme toute efficace. Slasheur inarrêtable, il pouvait écraser n'importe quelle défense intérieure et il provoquait des and one très régulièrement grâce à son incroyable équilibre en l'air. C'était aussi un très bon shooteur qui pouvait tirer en sortie de dribble, sans rythme ou de 10 mètres sans que cela n'ait d'influence sur sa réussite. Loin d'être un scoreur unidimensionnel, il savait aussi servir ses coéquipiers grâce à sa très bonne vision du jeu (même s'il préférait mettre le ballon dans le panier lui-même). Défensivement, c'était compliqué mais il était par contre un intercepteur très prolifique.
À côté de lui, il y avait Antawn Jamison. Poste 3-4, il était un joueur régulier et efficace qui mettait chaque soir sa 20aine de points. Capable d'étirer le terrain en étant lui aussi un bon shooteur à 3pts, il avait par contre du mal à créer ses propres points et il était plus un bon joueur de fin de chaîne qu'un réel scoreur indépendant. Il pouvait néanmoins poser un dribble ou deux à l'intérieur et il finissait bien ses actions dans la peinture. Défensivement, il n'était pas flamboyant et semblait désintéressé par ce côté du terrain. Encore un joueur pour qui le terrain était en pente...
Pour contrebalancer ça, Caron Butler était un bon ajout. Défensivement, ce n'était certes pas Larry Hughes (qui venait d'être meilleur intercepteur de la Ligue en 2004-2005 avec 2.9 interceptions (!!) par match, ce qui lui a permis d'être dans la All-Defensive 1st Team), mais c'est tout de même très solide. Très mobile latéralement, costaud et capable de switcher sur les postes 1 à 4, il était le meilleur défenseur des Wizards et il se retrouvait fréquemment à défendre le meilleur joueur adverse. Il était aussi capable de créer son propre tir à mi-distance même s'il n'excellait pas (encore) dans la création pour autrui et le tir à 3 points. C'était avant tout un slasher athlétique mais il était aussi capable d'être particulièrement clutch (même si Gilbert était le go-to guy en fin de match). Grâce à ses qualités athlétiques, c'était aussi un très bon rebondeur pour sa taille, cueillant près de 6.5 rebonds par match lors de ses années dans la Capitale, en plus de sa petite vingtaine de points de moyenne.
Le supporting cast
Pour compléter le 5 majeur, les Wizards avaient Brendan Haywood et Jared Jeffries et ce n'était pas fameux. Le premier était un 7-footer catégorie gros pépère pas athlétique pour un sou. Il vivait autour du panier sans dominer et profitait surtout de la gravité de l'Agent 0 pour scorer des points faciles. Ce n'était pas un très grand défenseur non plus, il prenait de la place, c'est sûr, mais son manque de mobilité et de QI basket l'empêchait d'être un intimidateur efficace. Le second était un grand poste 3-4, mais seulement par la taille. On peut lui reconnaître des qualités de défenseur sur l'homme et un certain altruisme ainsi qu'une présence physique, mais c'est loin d'être une foudre de guerre.
En sortie de banc, on trouvait la paire Antonio Daniels - Jarvis Hayes. Daniels était un comboguard athlétique et rapide. C'était un peu l'archétype du meneur complet de sortie de banc des années 2000s. Défenseur très capable et scoreur intéressant, il finissait souvent au cercle grâce à sa vitesse mais il pouvait aussi créer de l'espace avec son défenseur pour planter ses appuis à mi-distance. C'était aussi un organisateur capable de fluidifier l'attaque de la second unit et il jouait presque systématiquement les fins de match. C'était clairement le 6e homme attitré de ces Wizards. Le 7e homme était quant à lui Jarvis Hayes. Poste 3 marquant une dizaine de points par match, c'est un shooteur streaky et peu efficace apportant un peu de défense et de rebond pour son poste. Le reste de la rotation était quant à elle vraiment médiocre.
Vous l'aurez compris, l'effectif des Wizards était loin d'être exceptionnel et il se reposait surtout sur son secteur extérieur, sachant que Caron Butler et Antawn Jamison jouaient aux postes 2 et 3 malgré le fait qu'ils soient respectivement des postes 3 et 4 naturels. Cela n'empêchera pas la Franchise de la Capitale de faire des miracles grâce au niveau stratosphérique que Gilbert Arenas allait montrer cette saison-là.
La saison régulière
Les Wizards commencèrent initialement bien la saison avec 5 victoires lors des 6 premiers matchs. Arenas a tout de suite été au meilleur de sa forme et il mélangeait parfaitement production et efficacité sur ces premiers matchs. Malheureusement, après ce joli départ, Washington concédera 18 défaites pour 8 victoires lors des matchs qui ont suivi. Durant cette mauvaise période, ils perdirent aussi Jarvis Hayes sur blessure (une fracture de la rotule qui mettra fin à sa saison et entamera son déclin progressif alors qu'il n'avait encore que 24 ans). 13 victoires pour 19 défaites au bout de presque 2 mois et demi de saison régulière, on a déjà vu mieux. Heureusement, la saison des Wizards se lancera enfin le 11 Janvier contre les Hawks d'un trio Al Harrington, Joe Johnson et Josh Smith démunis. Une grosse victoire de 31 points qui annoncera une bonne fin de saison en 29 W / 21 L.
Mais avant d'aller plus loin, arrêtons-nous un peu sur la saison de Gilbert Arenas. L'Agent 0 réalise alors sa meilleure saison statistique en carrière. 29.3 points, 3.5 rebonds, 6.1 assists et 2 interception de moyenne, tout ça avec 44.7% au tir et 36.9% à points. Il est tout bonnement inarrêtable et en sa qualité de Superstar il obtient sa deuxième étoile. Il a peut-être été un peu snobbé aux votes du MVP, puisqu'il n'obtint aucune voix, mais son bilan collectif peut justifier cette absence même si individuellement il aurait au moins pu être cité par les votants.
Afin de donner plus de matière à sa ligne de stats, il faut aussi souligner qu'il a effectué de multiples performances marquantes. On pourrait en évoquer plusieurs comme son 47/7/8 contre Heat sur la tête de Jason Williams puis Dwyane Wade (dans une grosse défaite tout de même) ou son match à 40 points, 10 passes et 4 interceptions contre Golden State, mais il y en a un qui les dépasse tous.
Le 25 Février 2006, les Knicks sont accueillis comme il se doit par l'Agent 0 au MCI Center (nom précédent du Verizon Center, actuellement nommé Capital One Arena). Gilbert est dans un de ces jours où peu importe comment tu le défends, tout rentrera. Il agresse tout d'abord la respectable raquette Eddy Curry - Channing Frye de New York et provoque des lancers. Son shoot se met aussi en marche et rapidement le festival commence. Steve Francis et Stephon Marbury ne pourront que contempler The Hibachi sans ne jamais pouvoir ne serait-ce que le ralentir. Je vous invite d'ailleurs à regarder son premier QT, il est monstrueux. En 12 minutes, il inscrit 23 points à 7/8 au tir dont 3/4 de la buvette. Il provoque aussi pas moins de 6 lancers qu'il rentre tous. 1 rebond, 2 passes et 2 interceptions pour parfaire 12 minutes durant lesquels les Knicks n'ont rien pu faire. Bien que moins spectaculaires, ses 2e et 3e QT sont aussi surréalistes de propreté, inscrivant 10 et 13 points. Eddie Jordan ne le refera même pas jouer lors du 4e QT puisque les Wizards avaient 27 points d'avance et les Knicks videront aussi leur banc. Victoire 110-89 pour Washington. La ligne de stats complète d'Arenas est indécente : 46 points à 13/16 au tir dont 7/10 à 3pts, 13/14 aux lancers, 1 rebond, 2 passes, 4 interceptions et 1 seul turnover. Le tout en seulement 30 minutes. Cette victoire est sans doute le match précurseur des masterclass individuelles que Gilbert posera en playoffs et durant la saison 2006-2007.
En parlant de playoffs, les Wizards, fort de leur bilan de 42 victoires pour 40 défaites, sont 5e de l'Est et devront affronter les Cavs d'un LeBron James de 21 ans. Grosse série en prévision, mais nous en parlerons dans l'article suivant.
Stay tuned...
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